Le cinéma à l'école de BURGILLE dans les années 1950, 1960
(Par Alain CHARLES)
Dans les années 1950, 1960, les veillées d'antan disparaissaient, la mécanisation et l'agrandissement des exploitations permettaient de moins en moins aux agriculteurs de tailler une petite bavette au bout du champ. Le lien social, si fort avant guerre, s'effritait à petits pas et laissait place de plus en plus à un repli sur soi. Cependant les gens de nos villages avaient toujours ce besoin de rencontre, cette nécessité de parler, de s'informer et de rire ensemble. La télévision n’avait pas encore fait son apparition dans toutes les maisons. Celles qui, à la pointe du progrès, en disposaient, n’avaient pour loisir que de regarder des films en noir et blanc souvent médiocres et flous. Il n’était pas aisé non plus de se rendre dans une salle de cinéma à Besançon. C'est par l'école du village, que presque tous avaient fréquentée, qu'une solution allait être trouvée associant convivialité et modernisme.
Afin d’apporter un peu d’animation dans le village et de rapprocher ses habitants, l'institutrice de l’époque (1949), madame CHAMBON, eut l’idée géniale de proposer des séances de cinéma dans la salle de classe.
Grâce à la coopérative scolaire il lui a été possible d'acheter un beau projecteur "DEBRIE modèle MB.15" en noir et blanc et un semblant de sono (ce projecteur est toujours exposé dans la salle de réunion de la mairie). La mairie, consciente de cet intérêt, lui attribua le 4 juin 1949 une subvention de 3000 francs pour l'achat d'un "cinéma scolaire".
Dotée de ce matériel succinct mais efficace elle animait les soirs d'hiver, environ tous les 15 jours, une séance de cinéma.
Elle commandait ses films en noir et blanc qui, bien que n’étant pas les derniers sortis, satisfaisaient tout le monde et permettaient de s'évader un peu.
Les instituteurs qui lui succédèrent, monsieur FLOQUET, qui fit aménager une petite salle technique de projection (devenue actuellement les toilettes de l'école), puis monsieur MARMET, continuèrent ces projections.
Dès la fin des cours du samedi les élèves rangeaient les tables et les chaises dans les coins de l’école, descendaient les bancs en bois de la mairie, déployaient l’écran et préparaient ce qui allait devenir pour quelques heures une salle de cinéma.
Le soir venu les villageois venaient bruyamment par groupes, le plus souvent à pied, de Burgille, de Chazoy et de Cordiron, remplir cette salle. Après avoir payé leur entrée, une somme modique destinée à régler la location du film, et, par un maigre bénéfice, alimenter la "coopérative" de l’école, les spectateurs s’installaient. Les hommes souvent choisissaient les places du fond, les femmes celles du milieu et les enfants celles du devant ou s'asseyaient parterre. On se saluait, on discutait et on trainait les bancs dans un joyeux tintamarre. Enfin la séance commençait. Peu décidés de se taire, les anciens, ceux du fond, continuaient leurs discutions. Les yeux et les oreilles grands ouverts les autres essayaient d'entendre ce que racontait le film. Entre les "chuuut !", "y veulent pas se taire !", "on s'en moque de vos histoires !" et autres éclats de rire, il était assez difficile de comprendre le dialogue des acteurs mais les images suffisaient au bonheur des plus jeunes.
Et quels dialogues et quelles images !! - "Chantons sous la pluie" avec Gene KELLY, "Rio Bravo" avec John WAYNE, "La traversée de Paris" avec des monuments comme GABIN, BOURVIL et DE FUNES, "Le train sifflera trois fois" avec Garry COOPER, "Les héros sont fatigués" avec Yves MONTAND. Et ces mythes tels que RAIMU, JOUVET, FERNANDEL, SIGNORET, VENTURA, etc... Il est impossible de citer tous ceux qui nous faisaient rêver, ces super-héros capables de l'impossible et qui nous transportaient dans des paysages grandioses où ils menaient des aventures de tous les dangers, et, bien sûr, où ils finissaient par remporter la victoire et gagner en même temps le cœur de quelques belles actrices ainsi que l'admiration du public. Au travers de ces films les villageois découvraient des régions inconnues, des villes où ils ne mettraient jamais les pieds, des civilisations et des cultures différentes. Ces soirées participaient à la culture générale de toute une communauté.
De temps à autre les soubresauts de l'image, les cassures de la bande du film, la surchauffe de l'appareil ou d'autres problèmes techniques permettaient aux uns de continuer leurs palabres et aux autres d'aller "s'oxygéner" en fumant une cigarette ou de se soulager de préférence n'importe où !!
Puis, venait le moment tant attendu des enfants :"l'entracte". Les élèves les plus grands étaient chargés de vendre des sucreries et surtout des "Chupeta" sorte de chocolats glacés qui fondaient très rapidement et bien souvent finissaient en catastrophe parterre, provoquant des pleurs de désespoir des plus petits et les réprimandes de leurs mamans. Durant cette pose l'instituteur changeait la bande du film et les aînés continuaient leurs interminables discutions où se mêlaient les problèmes de bétails et de champs, ponctués des blagues les plus graveleuses. La séance reprenait et continuait ainsi dans les mêmes circonstances.
Hélas, le film se termine toujours par le mot "FIN" et du même coup une soirée de cinéma où les plus attentifs avaient adoré l'histoire et les plus dissipés avaient passé un bon moment à refaire le monde.
Mais tout n'était pas terminé, il fallait maintenant faire disparaitre la salle de cinéma et la rendre à la classe. Les enfants, chargés de remettre tout en ordre, étaient aidés par quelques parents. Les bancs remontaient à la mairie et les tables retrouvaient leur alignement. L'odeur persistante du tabac remplaçait pour un moment encore la bonne odeur de la craie. Enfin, chacun rentrait chez lui la tête pleine de rêves et avec le sentiment d'avoir vécu un vrai moment de plaisir et de bonheur ... - Peut importe le film, vivement la prochaine séance !!
Alain CHARLES
Voici le compte rendu intégral (52 pages) de Maître Jean Claude RENAUD qui fut maire de Burgille entre 1840 et 1846 !
A travers ce récit détaillé et amusant, nous pouvons découvrir que maître RENAUD eut bien des problèmes à régler entre curé et population !
Cliquer sur ce lien pour ouvrir le livre (cliquer sur les images pour zoomer ou dé-zoomer, cliquer sur les cotés des images pour tourner les pages.
Bonne lecture !
Cet espace sacré était placé au milieu des habitations, au coeur de la vie publique. Le cimetière était, pour les populations, un lieu de marché, de réunions, de justice... On vivait ainsi pendant toute cette période dans une certaine familiarité avec la mort. Les notables pouvaient être inhumés à l'intérieur de l'église, dans la nef ou dans les chapelles. C'est le cas à Burgille où l'on dénombre plusieurs sépultures des XVIIème et XVIIIème siècles dont celle d'un homme décédé "au voyage de Flandre" et, sous le confessionnal, celle de "Guillaume de Vaux seigneur de Chazoy et dame Barbe de Falletans, sa femme" (tombe martelée à la Révolution). D'autres tombes cachées sous les bancs et usées par le temps sont aujourd'hui presque illisibles.
lire la suite...